IL EST NORMAL D’ÊTRE OBSÉDÉE PAR L’IDÉE D’AVOIR UN BÉBÉ

Mon mari et moi voulions tous deux des enfants, et après nous être mariés, nous avons décidé qu’il était temps d’essayer. Lorsque je voyais mon gynécologue, il me disait toujours que je n’aurais pas de problème à concevoir. Après tout, c’est ce qui arrive tout le temps, n’est-ce pas ? Combien d’histoires avez-vous entendues de femmes qui tombent enceintes par accident, en vacances, le premier mois où elles essayent ? (En vrai, seules les histoires de conception qui se terminent bien sont racontées.)

Nous savions que cela pourrait prendre un peu plus de temps que prévu, mais nous pensions que j’allais tomber enceinte assez rapidement. Il n’y avait plus qu’une seule chose qui comptait pour moi : avoir un test de grossesse positif. Je passais de l’espoir (un autre cycle, une autre chance) à l’impuissance et à la colère lorsque mes règles arrivaient.

Après une année épuisante de frustration, de larmes et de tests de grossesse négatifs, nous avons fait quelques examens. J’avais un problème avec la muqueuse de mon utérus et mes options de traitement étaient limitées. Je ne m’étais jamais sentie aussi mal. J’étais détruite. Je me sentais inutile, j’avais l’impression que je n’étais pas une vraie femme, que je ne valais rien, et je pleurais tout le temps. Mon mari m’a donné le temps et le soutien dont j’avais besoin pour reprendre mes esprits et c’est alors que nous avons commencé un traitement de fertilité, ou phase 2 de la conception. Une version beaucoup plus intense de la phase 1, ponctuée de visites à l’hôpital, de bilans de santé, de piqûres, de pilules, de procédures et de cette phrase démoralisante : « la muqueuse de votre utérus est encore trop fine ».

Mon mari a mis un peu de temps pour comprendre comment me soutenir et comment gérer mes émotions dans ce nouveau chapitre de notre histoire. Au début, il pensait que j’étais trop émotive, trop négative. Il a lu des articles sur l’infertilité féminine et sur la difficulté de concevoir écrits par des hommes dont les femmes traversaient la même chose et il est devenu aussi encourageant et impliqué que possible.

Après deux ans et demi d’essais, je suis allée faire mon test bêta HCG. Quelques heures plus tard, j’ai reçu plusieurs appels frénétiques des infirmières de notre clinique de fertilité. Le transfert avait fonctionné. J’étais enceinte ! Je pense n’avoir jamais ressenti autant d’émotions d’un seul coup ; je ne peux même pas mettre des mots sur ce que j’ai ressenti. J’ai appelé mon mari au travail et je lui ai juste dit en sanglotant : « Ça a marché ! »

Avec le recul, je me rends compte que pendant deux ans et demi, j’existais, mais je ne vivais pas. Mais j’ai fait preuve d’une résilience que je n’aurais jamais cru avoir en moi.

J’ai choisi de partager mon histoire avec ma famille et mes amis. Pour qu’ils n’aient pas d’attentes irréalistes et pour éviter les interrogations constantes liées au bébé. Pour éduquer les autres sur les difficultés liées à la conception et au traitement de fertilité. Pour aider d’autres femmes à se sentir suffisamment à l’aise pour parler de ce qu’elles ont vécu.

Parfois vous voulez tellement tomber enceinte que rien d’autre ne compte, mais c’est tout à fait normal. Plus l’attente d’une grossesse prend du temps, plus elle vous obsède, mais vous pouvez et devez essayer de vous retrouver, vous et votre mari, que vous ayez un bébé ou non. Fixez-vous des objectifs atteignables ; ayez des attentes réalistes et veillez à ce que vos proches fassent de même. N’oubliez pas que vos proches et amis, les plus bienveillants soient-ils, ne comprendront pas ce que vous vivez, à moins qu’ils ne l’aient également vécu. Aidez-les à comprendre ce que vous traversez afin qu’ils puissent vous soutenir au mieux.

Chiara, États-Unis (2020)